Je n’avais pas de photos « parlantes » pour le lancer de haches, alors que c’est un des «clous » du spectacle offert par la troupe de Marla Curtis lors des Journées Mérovingiennes.
La démonstration
Alain Nice, Directeur du Musée, vous fait une démonstration époustouflante et vous explique tout l’attirail du parfait guerrier mérovingien : lance, angon, bouclier, épée, scramasaxe…
Alain m’avait dit : « Si tu me fais confiance, on peut prendre de belles photos ».
La confiance : oui ! Mais la trouille aussi !
Perché à 1,5 m au dessus de la cible, derrière la protection toute relative d’une palissade ajourée, j’ai pris quelques belles photos. J’ai surtout compris l’effroi que pouvaient ressentir les braves soldats romains devant l’agression des hordes de sauvages barbares et sanguinaires !
Je sais qu’Alain fait tout un calcul de distance pour frapper comme il faut la cible (eh oui ! la hache tourne quand on la lance ! Il faut donc qu’elle tourne au bon angle en atteignant la cible). Mais que dire des guerriers en mouvement qui n’ont pas intérêt à rater leur cible, sinon ils perdent leur précieuse hache de fer (rare et chère…)… et quelquefois leur seule arme de défense et d’attaque ?
Les Francs, lanceurs de francisques
« Du sommet de la tête descend sur leur front une chevelure blonde ; leur nuque, qui reste à découvert, est brillante par l’absence des cheveux ; leurs yeux sont verts et blancs, leur prunelle est vitreuse ; leur visage est entièrement rasé ; des petites touffes, arrangées avec le peigne, leur tiennent lieu de barbe ; des habits collants enserrent les membres élancés de ces guerriers ; leurs vêtements relevés laissent le jarret à découvert ; un baudrier pend à leurs flancs amincis. Lancer dans l’immensité du vide leur francisque rapide, mesurer du regard l’endroit qu’ils sont sûrs de frapper, faire tourner leur bouclier, c’est un jeu pour eux, ainsi que de bondir plus vite que les piques décochées, et d’atteindre l’ennemi avant elles. Dès leur enfance, ils ont pour la guerre la passion que l’on a dans l’âge mûr. Si par hasard le nombre de leurs ennemis ou le désavantage de la position les accable, la mort seule peut les abattre, jamais la crainte. Ils restent sur place, invaincus, et leur courage survit, pour ainsi dire, à leur dernier souffle. » – Sidoine Appollinaire
L’armement des Francs
« Les uns affûtaient de nombreuses haches de combat, d’autres des lances, leurs armes nationales qu’ils appellent angons, d’autres enfin remettaient en état leurs boucliers fracassés ; tous ces travaux étaient faits aisément car l’armement de ce peuple est fort simple et peu compliqué : point n’est besoin, à cet effet, d’artisans différents ; ce qui vient à être brisé peut être réparé par le guerrier qui en fait usage. Ils ne connaissent ni cuirasses, ni jambières. La plupart d’entre eux ne se protègent point la tête, peu nombreux sont ceux qui marchent au combat casqués. Leur poitrine, leur dos, sont nus jusqu’à la ceinture ; leurs jambes sont entièrement couvertes de braies ou de pantalons, tantôt de lin et tantôt de peau. Ils ne font pas usage de chevaux, à l’exception d’un petit nombre d’entre eux, car ils sont parfaitement exercés au combat à pied qui leur est familier et qui est leur manière nationale de combattre. Le glaive pend le long de leur cuisse, le bouclier à leur côté gauche ; ils ne font usage ni d’arc, ni de frondes, ni d’autres traits que l’on lance au loin ; c’est avec leur hache à deux tranchants et avec leurs angons qu’ils mènent le combat. » – Agathias, Histoire de l’empereur Justinien (VIe s.)