Le site archéologique de Goudelancourt-lès-Pierrepont est situé au nord-est du département de l’Aisne.
Montage audio-visuel présenté au Musée des Temps Barbares
1. Ce site se compose d’une nécropole et d’un habitat d’époque mérovingienne et plus précisément des VI – VIIe siècles. La nécropole a été découverte au début de 1981, par un agriculteur, à l’occasion de labours profonds : un couvercle de sarcophage et des ossements ont été remontés à la surface.
2. La nécropole était située au sommet d’une colline orientée est-ouest. A 300 m à l’ouest, une ancienne voie reliant Saint-Quentin à Reims coupait en diagonale la vallée sitée au sud de la colline dans un environnement riche en vestiges d’époque Gallo romaine.
3. Deux campagnes de sauvetage eurent lieu en 1981 et 1982. L’importance de l’érosion naturelle, la faible profondeur des fosses, les labours profonds constituaient de graves menaces sur ce site archéologique.
4. L’urgence de la situation, la constitution d’une équipe de bénévoles et l’intérêt du site nous ont amenés à y conduire un sauvetage programmé jusqu’en 1987.
5. Dans son état définitif, la nécropole de Goudelancourt est constituée de deux noyaux, deux cimetières séparés par une bande de terrain sans sépultures. 458 tombes ont été fouillées dont 324 dans le premier cimetière et 134 dans le second. La configuration de cette nécropole en deux cimetières contemporains mais bien distincts et présentant des orientations de sépultures différentes n’est pas courante.
6. A la jonction des deux cimetières, plusieurs trous de poteaux ont été découverts dont quatre semblent correspondre à un petit édifice dont la signification nous échappe.
7. Les objets découverts dans les tombes ont permis de mettre en évidence les diverses phases d’occupation de cette nécropole.
Dans le premier cimetière, en jaune le noyau primitif correspondant à la première moitié du VIe siècle. En rose les tombes de la 2ème moitié du VIe siècle. C’est à cette époque vers 570-580 qu’est créé le second cimetière qui connaîtra lui aussi un développement concentrique. Enfin, en bleu les tombes les plus tardives de la seconde moitié du VIIème siècle.
8. Comme dans la plupart des nécropoles mérovingiennes, les deux cimetières sont constitués de plusieurs rangées de sépultures plus ou moins parallèles, entre lesquelles viennent s’intercaler d’autres sépultures ou des amorces de rangées nouvelles. Lors du décapage à la pelle mécanique on aperçoit nettement les fosses grâce à la couleur du remblai.
9. Creusées dans le banc de craie, ces fosses présentent une forme plus ou moins rectangulaire avec les extrémités arrondies. Le fond est tantôt en berceau. Leur dimension est en fonction de la taille de l’individu.10. Du fait de l’érosion naturelle, la terre végétale dans laquelle étaient creusées ces tombes à quasiment disparu ce qui explique la faible profondeur des fosses et les nombreuses destructions dues aux labours.
11. L’orientation des fosses est relativement homogène : Sud Sud Ouest – Nord Nord Est avec la tête au Sud Sud Ouest pour le premier cimetière, plus nettement Ouest Est. (tête à l’ouest) pour le second. Ce changement d’orientation étant généralement interprété comme un effet de la christianisation.
12. Les grandes fosses destinées à des inhumations juxtaposées sont assez nombreuses. Les fosses doubles sont les plus fréquentes mais elles sont parfois associées par trois ou par quatre. L’étude anthropologie n’a pas permis de préciser s’il s’agissait de sépultures à caractère familial bien que cela soit très vraisemblable.
13. Peu d’élément nous sont parvenus concernant les marques extérieurs des sépultures. Tous les monticules de terre ont bien évidemment disparus. 14. Plusieurs stèles ou pierres d’encadrement ont été cependant retrouvées dans le remblai de certaines fosses comme celle de la tombe 328. Ces stèles funéraires, placées à la tête de certaines tombes sont en pierre calcaire et recouvertes parfois d’un enduit de plâtre qui pouvait être peint. Elles sont décorées de motifs géométriques ou animaliers voire de motifs typiquement chrétiens.
15. Aux destructions occasionnées par les labours s’ajoute un pillage quasi systématique des tombes. Ces pillages de sépultures sont fréquents à l’époque mérovingienne et attestés dans la quasi totalité des nécropoles fouillées. A Goudelancourt, à peine 10 % des sépultures nous sont parvenues intactes. Très souvent les traces du pillage sont nettement visibles à hauteur du thorax, là où se situaient les objets de parure les plus précieux.
16. Dans quelques tombes, le squelette a été complètement bouleversé de la tête aux pieds. Rien ne permet de dater ces pillages. Ils peuvent être soit contemporains à l’utilisation du cimetière, à une époque où les sépultures étaient encore matérialisées en surface, soit beaucoup plus tardifs mais rien ne permet de le préciser.
17. Dans la nécropole de Goudelancourt, les coutumes funéraires ne sont pas originales et correspondent à ce que l’on a l’habitude d’observer dans d’autres nécropoles mérovingiennes. Aucune incinération n’a été découverte. La pratique de l’inhumation habillée est la règle.
18. C’est ainsi que l’on retrouve en place sur le squelette divers accessoires vestimentaires tels que boucles ou plaques boucles de ceinture, mais aussi divers objets témoignant du rang social du défunt : armes pour les hommes, bijoux et objets de parure pour les femmes.
19. La sépulture 190 était certainement celle d’un personnage important : dans la tombe étaient disposées le long du corps une grande épée, une hache de type francisque au niveau du genou droit et un long fer de lance le long du pied droit. Il s’agit d’une tombe de la fin du VIème siècle.
20. Dans les sépultures féminines les dépôts d’objets précieux comme les fibules en or sont à l’origine de nombreux pillages.
21. Dans de nombreux cas, cette inhumation habillée s’accompagne d’un dépôt de vaisselle qui évoquait la vie matérielle dans l’au delà. Cette vaisselle est essentiellement composée de vases de type biconique disposés au niveau des pieds du défunt.
22-23. D’autres coutumes ou rites funéraires ont été constatés notamment les dépôts dans certaines tombes de scramasaxes à lames, brisées intentionnellement. Ainsi que plusieurs aménagements ou calages de pierres autour de certains crânes et destinés à maintenir la tête droite tournée vers le ciel. Toutes ces pratiques rituelles et notamment l’inhumation habillée auront tendance à raréfier au VII ème siècle pour disparaître totalement au VIII ème siècle.
24.C’est ainsi que toutes les sépultures tardives de Goudelancourt sont dépourvues de mobilier.
25.Ce phénomène coïncide avec l’apparition de symboles chrétiens sur divers objets comme les boucles ou les plaque – boucles de ceinture ou même certaines stèles funéraires.
26. Tous ces objets témoignent de l’évangélisation des campagnes et des progrès du christianisme. C’est d’ailleurs à cette époque au VIIème siècle que Saint-Boëtien, Moine Irlandais, se serait installé à proximité de Goudelancourt dans les marais de Pierrepont.
27. A l’exception du couvercle de sarcophage à l’origine de la découverte du site, la totalité des sarcophages existants ont été détruits par les labours. Ils étaient probablement peu nombreux car réservés généralement aux défunts les plus fortunés. Seule la fosse 325 conservait l’emprunte d’une de ces cuves de sarcophages.
28. Les coffres de bois ou cercueils sont attestés dans 168 sépultures, soit 37 % du total. L’utilisation de ces cercueils a été prouvé par la découverte d’éléments métalliques employés pour l’assemblage des planches : clous, cornières mais aussi grâce aux calages de pierres ou plus rarement aux traces noires substituant après la décomposition du bois.
29. Ces cercueils sont peu nombreux dans le second cimetière ou prédominent largement les inhumations en pleine terre.
30. Les sépultures en pleine terre ou terre libre sont les plus nombreuses (60 % au total). Elles prédominent largement dans le second noyau (75 %). Ces inhumations en pleine terre sont bien souvent dépourvues de tout mobilier funéraire. Cette disparition est généralement associée au progrès de la christianisation mais il n’est pas impossible que ces inhumations correspondent à celles d’individus de condition sociale modeste.
31. Dans une d’entre elle, le corps du défunt était soigneusement entouré de pierres sèches disposées de champ.
32. Comme de nos jours on a pu observer dans la nécropole de Goudelancourt, bon nombre de recoupements ou de réemplois de sépultures dus à une occupation de la nécropole sur une longue période. Dans certaines tombes comme la N° 290, une tombe ancienne a été réutilisée et les ossements du premier occupant ont été regroupés en partie en une sorte d’ossuaire au niveau des pieds.
33. Dans certains cas, il y a superposition complète et on a retrouvé les ossements de deux adultes dont les os sont en connexion, le corps du second occupant reposant directement sur les ossements du premier occupant à l’exception du crâne au niveau des pieds.
34. De même, plusieurs cas d’inhumations successives dans une même fosse sont à signaler. Ainsi la sépulture 238 a-t-elle été réemployée deux fois.
35. La grande majorité des ossements des individus inhumés dans le premier cimetière sont très mal conservés ce qui a fortement handicapé l’étude anthropologique. Cette mauvaise conversation peut s’expliquer par la forte acidité du sol, l’utilisation massive d’engrais chimiques et la faible profondeur des fosses. Bien souvent les vestiges osseux se limitaient au crâne et aux ossements des membres supérieurs ou inférieurs.
36. Dans le second cimetière, les ossements sont généralement en meilleur état. En règle générale, les défunts étaient inhumés couchés sur le dos, têtes à l’Ouest, jambes dans le prolongement du corps. Les bras étaient soit posés le long du corps, soit ramenés sur le bassin, ou encore en position mixte. L’étude paléodémographique a porté sur 404 individus dont 55 enfants et 349 adultes.
37. Comme dans d’autres nécropoles mérovingiennes on remarque la faible proportion d’enfants (12 %). Cette faible proportion résulte directement de l’érosion qui a entraîné la destruction des fosses les plus superficielles et donc des sépultures d’enfants généralement peu profondes.
38. L’étude de la population adulte a permis de constater une forte mortalité des jeunes adultes et notamment de la classe d’âge des 18 – 30 ans. Les anthropologues ont pu déterminer que ces gens qui vivaient à Goudelancourt, il y a 14 siècles avaient connu des conditions de vie assez difficiles voire assez précaires dues peut être à des épidémies comme la peste en particulier à la fin du VI ème siècle et au début du VIIème siècle.
39. L’espérance de vie à la naissance serait de 35 ans. Il s’agit bien sûr d’une moyenne car on a découvert des squelettes correspondant à des gens âgés de près de 80 ans. Les mortalités infantile et enfantine restent cependant très importantes : un peu plus d’1/4 des enfants meurent avant un an, 1/3 à 50 % avant cinq ans. Les anthropologues ont proposé une estimation de la population vivante à Goudelancourt qui serait d’environ 126 individus, ce qui correspondrait à une communauté villageoise d’une vingtaine de familles.
40. L’étude morphologique des individus a révélé quelques surprises. Les mesures crâniennes ont révélé la présence dans la nécropole d’un groupe d’individus qualifié de « Grand Format » qui se distingue nettement du reste de la population. On trouve ces individus, de grandes tailles, essentiellement dans le second cimetière et à l’extrême sud-est du premier, ce qui pourrait accréditer l’hypothèse de deux groupes distincts de population désireux de se faire inhumer dans deux cimetières différents.
41. L’étude des pathologie a mis en évidence une usure anormale des couronnes dentaires et la fréquence élevée des maladies infectieuses telles les caries dentaires et le kystes. Ceci pouvant s’expliquer tant par une faiblesse de l’organisme que par manque d’hygiène. De même les carences nutritionnelles durant l’enfance sont confirmés par divers cas pathologiques.
42. La traumatologie est également représentée par divers accidents parfois spectaculaires : ici ; ce fémur présente une fracture non réduite avec formation d’un cal osseux dit en baïonnette qui a entraîné une diminution de la longueur de la jambe d’environ 6 cm.
43. Pourtant, quelques exemples de pratiques thérapeutiques attestent que la savoir médical de l’époque était une réalité notamment un cas de trépanation suivie d’une guérison.
44. La mauvaise conversation des vestiges osseux n’a pas permis une étude anthropométrique précise des squelettes de Goudelancourt, mais l’on sait grâce à d’autres études que la taille des mérovingiens était très voisine de la notre.
45. Les structures correspondant à l’habitat en jaune, ont été découvertes par hasard en 1988. Elles étaient localisées au pied de la colline sur le versant sud à 150 mètres de la nécropole.
46. Quatre campagnes de fouilles ont eu lieu entre 1988 et 1992, elles ont permis de mettre au jour une unité agricole complète, une « ferme » de l’époque mérovingienne.
47. Dans la partie Nord de la zone de fouilles les nombreuses fosses correspondant à cet habitat étaient bien visibles au décapage. Il n’en était pas de même du reste des vestiges situés plus au sud et recouvert d’une épaisseur de limon de près de 2 mètres.
48. Les importants volumes de terre à déplacer ont compromis l’exploration du fond de la vallée mais il était peu probable de découvrir d’autres structures d’habitat dans la vallée. En effet, les mérovingiens avaient eu la sagesse de s’installer au pied de la colline en limite de la zone inondable.
49. La Ferme mérovingienne, découverte et fouillée présentait une certaine organisation. Au Sud, 5 constructions de grande taille dont une maison d’habitation protégées par des fossés de drainage s’échelonnent sur une centaine de mètres. Au centre de ces constructions, un puits. Au Nord, 14 cabanes associées à de nombreuse fosses et foyers éparpillés sur toute la zone.
50. Ces foyers ou fosses à cuisson étaient creusés dans la craie, et parfaitement visibles de par la couleur noire du remblai. Ils sont assez éloignés des diverses constructions pour éviter tout risque d’incendie. Il s’agit simplement de fosses à cuisson d’un usage domestique courant.
51. D’autres fosses, une quinzaine, de taille variable, ont une fonction difficile à déterminer. L’une d’entre elle, de petite taille présentait une base fortement rubéfiée contenant plusieurs scories de fer et pourrait correspondre au creuset d’un bas – fourneau.
52. Quelques fosses présentaient là aussi un fond fortement rubéfié et d’autres témoignages d’un feu violent. Leur forme, leur aménagement interne, leur orientation nous permettent d’avancer l’hypothèse de fours à chaux.
53. Quatorze fonds de cabanes ont été découverts et fouillés. De plan ovale ou quadrangulaire ils sont toujours excavés creusés dans le sol et nettement repérables au décapage. Ils sont désormais bien connu. Le nombre de trous de poteaux correspondant aux poteaux de bois constituant l’ossature nous permet d’en dresser une typologie.
54. Les cabanes à 2 poteaux sont plus nombreuses. La forme générale de l’excavation est ovale plus ou moins allongée, l’orientation dominante Est-Ouest. Leur superficie varie de 4 à 10 m2.
55. 2 poteaux de bois reliés par une panne faîtière en constituaient l’ossature . Les chevrons régulièrement espacés recevaient les lattes sur lesquelles étaient fixées la chaume.
56. Deux cabanes à 4 poteaux ont été découvertes. La cabane 1005 et la cabane 1000. La forme de l’excavation est ici nettement quadrangulaire. Techniquement ce type à 4 poteaux est plus élaboré.
57. La cabane 1000 à 4 poteaux, ici en cours de fouille, possédait un four domestique, un four à pain dans l’angle Nord-Ouest. La voûte de terre de ce four nécessitait d’être protégé des intempéries par un appentis appuyé à la cabane proprement dite.
58. Les cabanes à 6 poteaux sont indiscutablement les plus vastes de 12 à 14 m2. Elles comportent 4 poteaux d’angles associés à 2 poteaux médians supportant le faîtage.
59. Parmi ce différents types de cabanes signalons la présence de cas particuliers : Cabane sous poteaux porteur ou fond de cabane associé à une construction de plain-pied comme ici la structure 1051 – 1053.
60. Peu d’indices nous sont parvenus quant à l’utilisation de ces cabanes. Cependant les archéologues s’accordent tous aujourd’hui pour ne voir dans ces constructions que des abris pour le petit bétail, des remises, des ateliers. Pourtant, certaines d’entre elles et notamment les plus grandes à 6 poteaux ont pu connaître une fonction mixte à la fois atelier et habitat temporaire pour les domestiques, les valets de ferme.
61. Ce type de construction, aux murs de terre, construite à partir d’une excavation creusée dans le sol, couverte en chaume présentait certains avantages : moindre prise au vent, économie de matériaux, température quasi constante été comme hiver. Dans certains pays de l’Europe de l’Est ce type de construction est toujours utilisé et il y a à peine 1/2 siècle bûcherons et charbonniers de nos régions s’en servaient.
62. Grâce aux grands décapages de surface et à la multiplication des fouilles depuis une dizaine d’année, les archéologues, ont pu mettre en évidence, à côté de ces cabanes, l’existence de constructions de surface à ossature de poteaux de bois.
63. De ces constructions de surface il ne reste plus que les trous de poteaux constituant l’ossature des bâtiments.
64. Ils sont quasiment tous circulaires d’un diamètre variable et présentent pour certains un calage de pierre parfaitement visible. Certains d’entre eux correspondent à des poteaux de clôture.
65. Mis en relation les uns par rapport aux autres certains dessinent au sol le plan de grands bâtiments à ossature de poteaux de bois. C’est le cas ici du bâtiment B de Goudelancourt de forme trapézoïdale augmenté d’un appentis à l’Ouest qui renfermait probablement un atelier métallurgique, une forge.
66. Au Sud de ce bâtiment une grande fosse utilisée pour la construction comme fosse à torchis a été utilisée ensuite comme fosse dépotoir.
67. Au total 5 bâtiments de surface à ossature de poteaux de bois ont été repérés et fouillés sur le site. Pour certains il a été difficile d’en préciser le plan comme ici la construction C à proximité du puits.
68. Ce puits, le seul point d’eau du site, profond de 6,50 m aménagé dans une sorte de cuvette possédait un cuvelage fait de planche de chêne.
69. L’orifice était constitué d’un blocage de pierre très solide. Rien ne nous permet de préciser s’il comportait une protection ou un quelconque système élévateur pour amener l’eau à la surface.
70. Plusieurs fossés de drainage ont été aussi découverts. Ces fossés creusés en diagonale par rapport à la pente naturelle du terrain étaient destinés à protéger les grandes construction de surface des eaux de ruissellement.
71. Exception faite d’une forge, peut être installée dans le bâtiment B, il nous est difficile de préciser l’utilisation des ces grandes constructions. Il s’agit probablement encore d’annexes économiques de granges, d’étables voire d’ateliers. A la différence des précédents l’un de ces bâtiments a été immédiatement repéré au décapage.
72. Deux solins de pierre parfaitement parallèles ont été dégagés. Ces solins, ici celui du mur Sud, étaient constitués d’un blocage de pierre soigneusement appareillé. Cette fondation sommaire renfermait plusieurs trous de poteaux régulièrement espacés.
73. Long de 8,50 m, large de 6 m de bâtiment était parfaitement visible après le décapage. On aperçoit ici nettement les solins de pierre correspondant au mur Nord et au mur Sud.
74. L’ossature de cette construction était composée de 13 poteaux porteurs et de 3 poteaux faîtiers, au centre, rigoureusement alignés, d’un diamètre de 30 cm à la base. L’entrée était aménagée dans l’angle Nord-Est, elle même protégée par un auvent.
75. Outre le soin apporté à la construction, la preuve évidente qu’il s’agissait bien d’une véritable maison d’habitation, nous a été donnée par la découverte dans l’angle Sud-Ouest d’un foyer et plus précisément d’un âtre encadré par 2 poteaux supportant un conduit d’évacuation. Cette découverte est tout à fait exceptionnelle pour la période mérovingienne qui plus est dans une construction datable du VIe – VIIe siècle.
76. Cette maison d’habitation a fait l’objet d’une reconstitution grandeur nature à Marle. Certaines hypothèses ont ainsi pu être vérifiées. Les matériaux employés sont très proches de ceux utilisés à l’époque. Bois de châtaignier pour l’ossature et les poteaux, torchis pour les murs, roseaux pour la couverture.
77. La Ferme mérovingienne découverte à Goudelancourt n’a pas été reconstituée dans sa totalité. Rappelons qu’elle était composée de plusieurs cabanes, de bâtiments à vocation économique et d’une maison d’habitation.
78. Les reconstitutions proposées à Marle veulent simplement donner une idée de ce qui pouvait exister à l’époque. Les quelques objets découverts en fouille témoignent de certaines activités pratiquées sur le site : élevage de bovins, porcs, moutons, travail du fer, tissage.
79. A l’issue de divers sondages exploratoires les archéologues sont aujourd’hui convaincus que ce qui a été fouillé à Goudelancourt représente une petite partie de ce qu’il reste encore a découvrir dans la vallée en ce qui concerne l’habitat. Les structures correspondant à d’autres « fermes » voire à un hameau se prolongent en direction de l’Ouest. La reprise des fouilles permettra sans doute d’apporter des éléments de réponse aux interrogations que se posent encore les chercheurs sur l’émergence du « village »et le peuplement des campagnes au haut moyen age.